LUZ est née le 7 Juillet 1978, à Angers.
Issue d’une formation théâtrale et attirée par les Beaux Arts, LUZ décide très vite de passer à l’acte et débute en autodidacte talentueuse, mettant en scène les images inspirées de son imaginaire. D’abord modèle – pour Sylvain Lang – elle passe derrière l’objectif avec pour sujets de prédilection des nus, femmes, hommes, et des premiers clichés aux noms évocateurs : Tragédiennes, Adam et Eve, Coryphées…
S’appuyant sur son expérience du théâtre, elle traite ses modèles comme le ferait un metteur en scène, recourant à un minimum d’accessoires, recherchant à tout prix à faire émerger une certaine sensualité, celle de l’âme… Personnalité puissante et originale, pour LUZ, la photographie s’impose comme étant le chemin le plus direct pour retranscrire les histoires émanant de son imaginaire. Elle scénarise un monde parallèle que chaque spectateur peut découvrir avec sa sensibilité propre.
Naturellement, sans revendication particulière, l’anticonformisme de LUZ s’impose dans un art photographique très personnel qui nous invite dans des univers où l’imaginaire sensuel règne en maître comme pour mieux réveiller des instincts enfouis.
LUZ photographie les femmes et l’histoire de la vie se déploie instinctivement dans l’imagination fertilisée par le fantasme qui s’enracine dans notre regard.
Qui fait la photo ?
La beauté du modèle, la force créatrice de celle qui portraiture les créatures ?
Ni l’un ni l’autre, les deux à la fois et plus encore. Une photographie est la résultante du rapport qui s’opère entre un modèle et celui où celle qui la met en condition d’obtenir d’elle, une furtivité qui s’imprègne pour toujours sur le papier glacé. Un bon cliché tient souvent à une fraction de seconde. Il se retrouvera dans une poubelle ou ornera les plus beaux musées du monde. Le talent du photographe est ainsi suspendu à l’instant décisif, à la magie d’une rencontre : celle de l’esprit serein face à la tourmente que génère l’émoi.
LUZ photographie les femmes et c’est une écorchée vive. Elle ne va pas par quatre chemins pour obtenir ce qu’elle veut de son modèle. On ressent instinctivement chez elle cette fêlure que son écriture photographique met au jour et intensifie. Son œuvre parcourt le monde de la couleur mais se vêtit de la parure du noir et blanc. Elle voyage à travers les époques de l’histoire, elle rend visite aux icônes et actualise photographiquement le mythe. Elle déplace la féminité dans ces lieux aux fortes résonances, mettant en exergue la grâce qui cède facilement sa place à l’étrangeté.
LUZ photographie les femmes, elle rend également hommage à la nature, écrin qui nous rappelle que la beauté est avant tout un phénomène naturel. L’esthétisme quant à lui est dit culturel, il évolue avec le temps qui forge les mœurs et habitudes de nos regards. Les Odalisques d’Ingres auraient-elles encore leur place dans cet ouvrage consacré à la femme contemporaine, qui sait ?
LUZ photographie les femmes et la nature a inventé les chevaux, meilleurs amis des hommes dit-on. En tout cas LUZ aime les chevaux et la tendresse de la dompteuse pour cet animal a la grâce naturelle. Le propos bascule dans l’ironie lorsque l’être féminin accepte l’inacceptable, lorsqu’elle se voit affublée d’une selle de cheval. Combien de discours sur l’instrumentalisation de la femme ont-ils émergé du fin fond de ces images ? La photographe pointe son œil sur l’imagerie commerciale, et approfondit le propos lorsque la nudité devient objet de l’appétit. Placée sur une table de dissection, le corps délimité en portions plus ou moins délicieuses et voilà cette chère représentante de l’espèce humaine femelle placée au simple rang de bifteck. La métaphore est connue mais audacieuse.
Dans la fêlure de son regard,
J’ai aperçu battre la mélodie de l’ombre au rythme de la lumière.
LUZ photographie les femmes et les objets de tissus qui épousent leurs formes. Notre oeil se met alors au diapason.
Qui fait la beauté ? Le contenu ou le contenant. Ni l’un ni l’autre et les deux à la fois. C’est avant tout la façon dont on le porte, la manière dont on se déploie dans l’espace. Qui fait la photo ? LUZ tout simplement. Rendons à l’œil originel le mérite d’être l’ordonnatrice du décor. « Place toi ici, oui c’est bien, regarde moi, regarde le ciel, libère toi ».
LUZ photographie les femmes et leur intimité, dans l’antre du secret de leur beauté quand les femmes se font femmes, lorsqu’elles se prélassent dans leur baignoire dévoilant courbes et contre courbes devant lesquelles combien d’hommes courbent l’échine et imaginent…
LUZ photographie les femmes mais à quelques occasions, un homme se faufile dans son objectif, le temps d’une scène qui prend des allures libertines. Les apôtres étaient douze, elles ne sont que huit, qu’en déduire ? Que huit femmes valent douze hommes ? Que LUZ avait oublié son grand angle ? Que les quatre dernières ne se sont pas réveillées ? Plus sérieusement, nous pouvons y voir outre la perte de sens profond de notre société moderne, la permanence des thématiques iconographiques. La religion voyage dans le temps à travers les images et se voit métamorphosée. Elle est parfois malmenée mais elle est toujours présente. Emblème sulfureux de la féminité, Eve tient la pomme dans sa main pour le malheur de l’humanité. Dans l’objectif de LUZ, Eve fait le bonheur furtif de nos sens et nous resterons charmés pour l’éternité.
LUZ photographie les femmes, « en corps et toujours ». Que s’est-il passé dans cette maison ? L’ambiance ne présage rien de bon et elles sont toujours là dans leur déhanché provocateur. Si fragiles et pourtant si fortes. L’objectif a effectué une rotation pour suggérer la diagonale génératrice de mouvement, annonciatrice d’un désordre nouveau au sein duquel se forge l’idée créatrice.
LUZ photographie les femmes dans leur fureur, commettant parfois ce que réprouve la morale, ouvrant une brèche dans le champ visuel. Instant décisif de destruction de la création et naissance du regard noir. On passe de l’autre côté de l’humanité, la tourmente préside, la violence est palpable. Le démon est passé et c’est une femme ange qui donne sa vie.
Elle volera désormais.
Olivier Lécine
Directeur du Musée de la Photographie de Mougins.
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